Loyers encadrés: 48% des bailleurs prêts à renoncer à louer leur logement !
Alors que le retour de l’encadrement des loyers se profile à l’horizon, les bailleurs songent à revendre leurs biens ou à annuler leur projet d’investissement, selon un sondage réalisé par la plateforme Locservice.fr
Avis de grisaille sur le marché locatif. Fin septembre, le Crédit Foncier avait fait état en 2018 d’un recul, de 16% à 14%, de la part de logements qui seront achetés pour être loués. Cette tendance semble se confirmer après la publication d’un sondage réalisé par Locservice.fr. La plateforme de location a sondé ses bailleurs, début décembre - donc au début du mouvement des «gilets jaunes» -, sur leurs intentions pour 2019. Trois quarts des quelque 1300 personnes interrogées n’envisagent pas d’investir sur le marché locatif cette année. Seulement 16% des sondés (contre 10% en 2015) semblent décidés à le faire.
Pour Richard Horbette, fondateur de Locservice.fr, «ce chiffre est tout de même encourageant étant donné les incertitudes tant fiscales, sociales qu’économiques. Notre pays a besoin d’augmenter son offre locative pour générer une baisse durable et saine des loyers». Il estime, en cela, que le nouveau dispositif Denormandie, permettant de défiscaliser son investissement locatif en échange d’un engagement à rénover puis à louer des logements anciens, «va dans le bon sens». «C’est un geste écologique avec l’amélioration de la performance énergétique et un geste pour le pouvoir d’achat avec l’obligation des loyers plafonnés», déclare-t-il.
En revanche, un autre dispositif, bien connu des investisseurs, pourrait conforter ces derniers dans leur stratégie de tourner le dos au marché locatif: l’encadrement des loyers. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’ils n’ont pas prévu de rester les bras croisés dès que ce dispositif, dont le retour a été autorisé par la loi logement, sera mis en place. Prévue en février, la publication du décret d’application a été repoussée à «mars/avril», précise-t-on dans l’entourage du ministre du Logement Julien Denormandie.
Plus d’un quart (28% exactement) des bailleurs interrogés songent ainsi à revendre leur(s) logement(s) mis en location, 20% envisagent d’annuler tout bonnement leur projet d’investissement et enfin 10% pourraient basculer vers la location touristique de type Airbnb, «par souci de rentabilité», expliquent-ils. Et ce, bien que la loi logement ait durci la réglementation locative. «Cette fuite de propriétaires est une menace pour les habitants des grandes villes. En rétablissant l’encadrement des loyers, la mairie de Paris alimente ainsi indirectement le business d’Airbnb alors qu’elle continue de se battre contre ses abus», relève Richard Horbette.
Quoi qu’il en soit, on se rend compte de la réticence des bailleurs à être contraints de baisser leurs loyers. «Il ne faudrait pas que l’encadrement des loyers devienne la goutte d’eau de trop pour de nombreux bailleurs qui ne sont pas des multipropriétaires (1,5 bien en moyenne pour les utilisateurs de Locservice.fr) et investissent en bon père de famille, prévient Richard Horbette, fondateur de Locservice.fr. Il est important de maintenir les investisseurs privés dans l’immobilier locatif traditionnel, au risque d’assister à de nouvelles pénuries de biens. Ce qui, au final, pénalise les locataires».